Une journée découverte, gratuite et passionnante, le Dimanche 30 Mai 2021, au départ de la base de loisirs des Trois Fontaines de Champagné-Saint-Hilaire. Que du bonheur !...
En 2020, la Fédération de la chasse de la Vienne a mis en place un parcours pédagogique de 2,6 km avec un observatoire et de nombreux panneaux explicatifs ; partant de la base de loisirs des Trois Fontaines, propriété de la Commune de Champagné-Saint-Hilaire, il passe par la propriété de la Fédération de la Chasse et revient à la Base de Loisirs. Sur ces espaces, la Fédération de la chasse de la Vienne réalise des animations avec le concours de la fédération de la pêche de la Vienne. Cette année, chaque classe de notre école participe à une journée découverte.
Nathalie-François-dit-Sorton, 2ème adjointe, assure la coordination entre la commune et la Fédération de la Chasse.
Le Maire, Gilles Bosseboeuf et les élus remercient Michel Cuau, le Président de la fédération de chasse, son Directeur, Maxence Ronchi, sa Chargée de missions pour la gestion des espèces et l’aménagement des territoires, Caroline Cailly, le responsable des animations nature, Emmanuel Coussy, pour leur collaboration, qui a conduit à cette réalisation. Il remercie également le Président de la fédération de pêche de la Vienne, Francis Bailly, ainsi qu’Etienne Béguin, responsable de développement-garderie de la fédération de pêche, pour leur participation aux animations.
Compte-rendu de cette journée magnifique :
Le dimanche 30 mai 2021, une journée découverte de la nature a été organisée par la mairie de Champagné-Saint-Hilaire au site des étangs des Trois Fontaines sous l’égide de la FPHFS (Fondation pour la Protection des Habitats et de la Faune Sauvage), qui en est propriétaire.
En présence du Vice-Président de la Fédération de chasse, Pascal Fayoux, du Président de l’ACCA de Champagné-Saint-Hilaire, Joël Granier, trois personnes ont présenté le site : Emmanuel Coussy, animateur nature, technicien de la chasse et de la faune sauvage, assisté de Lucas Neveux, qui fait son service civique en temps qu’animateur nature auprès de la Fédération des Chasseurs de la Vienne, et Étienne Béguin pour la fondation des pêcheurs (pêche86.fr)
Intervention d’ Emmanuel Coussy
Assisté d’enfants des écoles ayant déjà fait une visite en sa compagnie, Emmanuel Coussy nous emmène jusqu’au site de l’observatoire, où des trous aménagés à des hauteurs différentes permettent l’observation des oiseaux sur le plan d’eau.
Faune qu’on peut voir assez facilement sur les étangs de Champagné : canard colvert, héron cendré, cormoran, un couple nicheur de grèbes, chevalier guignette, corneille noire (qui peuvent manger les petits d’autres espèces au nid).
Emmanuel Coussy nous présente ensuite des appeaux de différentes espèces de canards. Il explique le rôle du miroir, plumes caractéristiques sur l’aile, qui permet de différentier les espèces. Deux grandes sortes de canards (Anatidés) : les canards de surface, qui décollent directement (canard colvert, canard souchet) au bec large pour filtrer l’eau ; et canards plongeurs qui courent pour décoller (grèbes, canard milouin, canard morillon), dont le bec est pointu.
Les femelles sont en général plus ternes, ce qui leur permet de ne pas se faire repérer quand elles couvent sur le nid.
Le colvert, espèce la plus facilement observable, a une seule couvée par an de 15 à 20 oeufs, 24 jours d’incubation.
Canard chipeau : marron à miroir blanc.
Canard souchet : occasionnel en hiver, très présent en Brenne. Miroir vert. Bec adapté au filtrage de l’eau pour se nourrir de plancton.
Plus difficiles à voir :
La sarcelle d’hiver, petite espèce (un tiers de la taille du colvert), très discrète. Oeil et sourcil verts. Très nombreux en Russie. Migre jusqu’en Brenne, occasionnel sur le plan d’eau.
La sarcelle d’été, à miroir blanc, migre de la Brenne à l’Afrique.
Le canard milouin, corps gris, tête marron, un canard plongeur.
Il y a aussi des martins-pêcheurs.
Le héron cendré est présent, mais les petites espèces de hérons, qui s’accrochent aux roseaux sont absentes.
Intervention d’ Etienne Beguin
Etienne Béguin de la Fédération de Pêche, nous emmène au bord de l’étang, où un pêcheur vient justement de sortir une carpe de taille remarquable - qui sera ensuite relâchée. Etienne nous présente écrevisses, grenouilles et différentes espèces de poissons dans des bacs et aquarium disposés pour l’occasion.
Depuis 2006, les étangs de la fédération de chasse à Champagné-Saint-Hilaire sont gérés par la fédération de pêche de la Vienne. C'est un site de reproduction pour les carnassiers autochtones, brochet et perche. Autres carnassiers : le sandre, le silure qui sont originaires des pays de l’est, le black bass des États-Unis. Les alevins s'appellent des fingerlings parce qu'ils ont la taille d'un doigt.
Le brochet se reproduit vite. En mars, il mesure entre 30 à 50 cm. Il atteint sa taille adulte en un hiver. Il se nourrit de proies diverses, jusqu’à de petits oiseaux.
Les poissons de fond remuent la vase. Ce sont les poissons fouilleurs : le gardon, le rotengle (non autochtone, qui ressemble au gardon), la tanche, la carpe. Les poissons fouilleurs jouent un rôle important en enrichissant l'eau en phytoplancton, dont se nourrit le zooplancton, qui est mangé par des petits poissons (« poissons fourrage »), qui sont à leur tour mangés par les carnassiers.
Tout est dans l'équilibre. Avec un apport de fumier, par exemple, un plan d’eau peut fournir 400 à 500 kg de poissons à l’hectare. Sans apport, la moyenne des plans d’eau se situe autour de 40 à 50 kg par hectare. Les étangs de Champagné se situent dans une moyenne entre ces chiffres.
La commune de Champagné-Saint-Hilaire est une des plus contaminées par les espèces exotiques envahissantes (EEE) comme l'écrevisse de Louisiane.
L'écrevisse de Louisiane a été introduite deux fois. C’est un animal combatif, adapté aux écarts climatiques les plus rudes. Sa présence a donc explosé en France sous un climat tempéré, d’autant qu’elle mange de tout. Son cycle de reproduction est très court. Dès l'âge de six mois, la femelle peut se reproduire. Elle peut transporter ses petits sous elle pour changer d’environnement. Tous les milieux aquatiques lui conviennent.
Elle résiste à la chaleur, la sécheresse, au gel (on peut même la congeler et la décongeler, elle est toujours vivante !). Elle s’enterre jusqu’à 1,50 m de profondeur, en creusant des tunnels.
Le code de l'environnement préconise de la détruire. On peut la pêcher, mais pour la transporter, il est obligatoire de la castrer en arrachant la palette, qui contient l'appareil reproducteur. En Espagne, où elles ont été introduites dans les rizières, elles causent des dégâts importants par leurs tunnels, détruisant les digues, et même des routes, et envahissant les marais.
Les écrevisses peuvent être porteuses de maladie, il est recommandé de porter des gants pour les manipuler.
Beaucoup d’introductions d’espèces exotiques invasives remontent à Napoléon III, qui avait une passion pour l’agronomie et l’aquaculture, notamment la perche soleil et le catfish (différent du poisson-chat).
On essaie de réguler les populations de poissons-chats par le brochet qui en est prédateur.
À Champagné-Saint-Hilaire, les plans d’eau sont contaminés par un poisson de Corée, le pseudorasbora, un poisson allongé aux écailles colorées - que nous montre Etienne dans l’aquarium.
Porteur sain de la maladie de la rosette, qui peut contaminer 30 espèces de poissons, il est désormais présent partout.
Autre espèce invasive : un crapaud, le xenope lisse. Autrefois utilisé pour tes tests de grossesse, il a été relâché dans une mare par un laboratoire de Thouars et est en propagation. Le site de Center Park est, par exemple, envahi de xenopes.
La Brenne, le Poitou-Charentes exportaient autrefois des poissons d'eau douce. Ce n’est plus le cas, du fait des EEE, comme le cormoran, qui a envahi toute l'Europe et consomme de grandes quantités de poisson.
Il faut donc gérer les espèces invasives d’une manière ou d’une autre, par les prédateurs de l’espèce ou l’assèchement des étangs.
En Australie, on a tenté d’introduire des maladies, par exemple, contre la carpe, qui y est considérée comme une invasive : c’est une erreur, les maladies se transmettent à d’autres espèces et deviennent incontrôlables.
Les écrevisses de Louisiane sont consommées par carpes et brochets, mais la prédation ne suffit pas à réguler l’espèce.
Il faut également gérer le plan d’eau lui-même. Les obligations du plan d’eau : gérer le trop-plein et récupérer les poissons.
On découvre de nouveaux principes de gestion sur le terrain. Pour protéger la berge des tunnels des ragondins et écrevisses, on s’est rendu compte que des petits cailloux, de simples pierres des champs par exemple, protègent bien mieux les berges que de gros enrochements coûteux. De plus, ils ont l’avantage d’arrêter le clapot sur les berges.
De même, on se rend compte qu’une haie vive est une meilleure protection pour la berge que de gros arbres ou de la prairie. On appelle ça le génie végétal.
Un apport de foin abîmé dans le plan d’eau constitue un engrais naturel et sert aussi de nichoir à beaucoup d’espèces.
Emmanuel nous mène ensuite jusqu’à la queue de l’étang - la partie la moins profonde où l'eau vient mourir. Une bande a été ouverte dans la végétation (opération qui s’appelle « ouvrir l’étang »), constituant un milieu intéressant pour les oiseaux qui y trouvent abri et ressources.
A noter qu’il y a 2,50 m de profondeur d’eau à la bonde.
Emmanuel nous parle du travail d’inventaire des espèces présentes sur le site par des observations directes (aux jumelles), par le son (cris ou chants), par l’installation de pièges-photos disposés aux endroits stratégiques, permettant de voir ce qui se passe pendant la nuit.
Emmanuel et Lucas nous font écouter des enregistrements de cris et chants d'espèces présentes sur le site. Avec l’aide des écoliers ayant déjà participé, il s’agit de retrouver le cri du chevreuil (reconnaissable à ses aboiements), de la buse, du canard colvert, du cerf (le brame), et aussi chouette, corneille noire, coucou, poule d’eau, oie cendrée, pigeon ramier, canard siffleur, rossignol…
Diverses informations sur la vie de chaque espèce viennent compléter ce « quizz » :
Les oies cendrées viennent du cercle polaire et migrent jusqu'au Guadalquivir au sud de l’Espagne, faisant parfois halte sur les étangs. Le faisan, originaire d’Asie, est présent depuis l’époque de Charlemagne. Par son cri d’alerte, le geai bleu est la « sentinelle de la forêt ». Il dépose des graines et oublie où il les a cachées - c’est pour cette raison qu'on trouve des noyers au milieu de la forêt.
La brande caractéristique du Poitou est une grande bruyère, la bruyère à balai (voir le dicton « brande du Poitou cache à loup »). La bruyère vagabonde est également présente sur le site. La grande bruyère a besoin d'un milieu particulier pour se développer. Il faut régénérer le terrain par le feu ou couper les pousses de prunelier (ou épine noire), l’aubépine… On trouve aussi dans cette zone des frênes, érables, ormeaux et genévriers. On trouve des buttes d'argile qu'on appelle « montrujon ».
L’après-midi, Etienne évoque la nouvelle politique qui voudrait supprimer étangs, plans d’eau et barrages. Il nous explique que ceux-ci ont leur rôle important à jouer :
- conserver la bio-diversité (de nombreuses espèces ont besoin de température supérieure à 20 °C pendant plusieurs jours, contrairement aux espèces d’eaux vives comme la truite). La faune terrestre a également besoin d’eau : sans ces plans d’eau, elle devra s’adapter ou disparaître.
- de même pour la végétation.
- l'eau attire l’eau : les nuages de condensation créés par un plan d’eau vont se redéposer en pluie quelques dizaines de kilomètres plus loin.
- changements climatiques : la flore va devenir celle du midi de la France
- l’évapotranspiration des végétaux présents autour de ces point d’eau va disparaître, aggravant la sécheresse.
- les plans d’eau soutiennent les nappes phréatiques de surface.
L'avenir de la région dépend des zones protégées et espaces naturels sensibles. Les zones protégées qualifiées Espaces Naturels Sensibles (ENS) deviennent de plus en plus importantes.
Les cartes de pêche et de chasse contribuent à leur financement.
L'eau, c'est la vie. L'exemple de la Gartempe nous en montre l’importance. Elle est de plus en plus asséchée, ce qui fait que l’an dernier, les pompiers n’ont pas pu utiliser son eau pour enrayer un gros incendie et ont dû se rabattre sur le plan d’eau communal de Massogne - seul réservoir disponible.
On se rend compte que les grosses stations d’épuration ne sont pas une réponse au problème. On pourrait par contre imaginer des plans d’eau pour l’assainissement. La ville de Munich en Allemagne est assainie par un système de plans d'eau.
En ce qui concerne les bassines, Etienne pense que les retenues collinaires, en utilisant par exemple les vallées sèches, pourraient être une alternative intéressante pour réutiliser les eaux de drainage. Ou bien, une partie de chaque bassine pourrait être laissée à la flore et la faune locale.
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Emmanuel et Lucas nous présentent ensuite des moulages de traces d'animaux. Exemples : blaireau (cinq doigts). Les ongulés : cerf, chevreuil, sanglier (sa trace présente des « gardes » en arrière des sabots. Pour les sangliers, 1 cm de trace correspond à 10 kg). Le faisan. Le chien et le renard (quatre doigts). Le loup laisse les mêmes traces que le chien, mais les pas sont alignés.
Les régions d’élevage du Poitou pourraient être propices au retour du loup.
Présentation de cornes de chevreuil et de cerf , les bois,- qui peuvent pousser 1 cm par jour au printemps étant protégées par du velours que les animateurs nous font toucher. Ils font passer également parmi le public des échantillons de peaux de renard, sanglier, chevreuil (pelage d’hiver et pelage d’été), cerf… ainsi qu’une aile de bécasse, avec sa petite plume caractéristique dite « plume du peintre ».
On apprend encore une foule de choses, au cours d’une merveilleuse journée de printemps, en compagnie de nos experts. On apprend par exemple que :
La femelle du chevreuil s’appelle la chevrette, le mâle s’appelle le brocard, le nombre de ramures ne correspond pas à l'âge de l'animal - il faudrait pour cela examiner sa denture ; le brame du cerf a lieu de fin août à début octobre.
Il y a 1 million de chasseurs en France.
A Vieille-Monnaie, il y a une importante frayère à brochets dans le Clain.
Lors de l'éclosion des éphémères, la manne, les routes étaient autrefois envahies jusqu'à faire patiner les voitures, ce qu’on ne voit plus aujourd’hui.
Il y a des castors à Champagné-Saint-Hilaire.
Etienne termine son intervention en nous présentant un couple de ses pigeons voyageurs, qu’il relâche devant nous - et qui arriveront à la maison bien avant lui.
Merci encore d’avoir organisé cette belle journée qui nous a fait découvrir ou redécouvrir les étangs de Champagné- Saint-Hilaire et nous a donné envie d’y revenir - entre autres pour lire plus en détail les panneaux installés par la FPHFS.
Texte de Cathy Flater et de Jean-Pierre Salès et photos d’Annette Bosseboeuf.