LES MOULINS A JEANNOT
La force éolienne, on la connaît à Limes ! Et on l'utilise ! Quand l'air maritime pousse de bons gros nuages bien accrochés au ciel, laissez-vous descendre jusqu'à ce petit village établi sur la pente nord de la butte. Bien sûr, vous allez passer devant l'éolienne de Jacques et d'Yvette, la vraie, qui ronfle dans le vent pour alimenter le four où cuit une tarte aux pommes. Mais allez plus loin ! Vous allez découvrir d'étranges machines en forme de clocher, d'hélicoptère, de tour à poivrière ou d'avion. Elles reposent sur une vieille souche, sont perchées sur un piquet au niveau de la taille ou à deux mètres de haut, ou encore accrochées à une branche. Elles sont d'une grande diversité mais elles ont trois points communs : elles ont deux ou quatre ailes qui tournent au gré du vent, elles ont été « bricolées » par Jeannot et elles sont toutes attendrissantes. Ce sont les moulins à Jeannot. Mes petits-enfants les adorent.
Jeannot n'a pas de secret de fabrication, il n'utilise aucun plan, il improvise : selon son humeur, selon les matériaux dont il dispose, selon le vent peut-être ... Quelquefois le prototype reste plusieurs mois sur l'établi avant d'être achevé et mis en place. Les pales qui tournent peuvent être des couvercles de fer blanc, des plateaux de polystyrène ou des spirales découpées dans de la tôle de caravane. Elles peuvent être en bois, fixées sur un moyeu de roue de vélo, ou même sur un axe de vieille machine à laver. Elles peuvent être fines comme celles d'un ventilateur et s'exciter au moindre souffle, ou plus épaisses, difficiles à lancer, mais tournant à la manière débonnaire des moulins de Hollande.
A quoi ils servent les moulins de Jeannot ? Mais à rien, voyons ! Pourquoi voulez vous qu'ils servent à quelque chose ? Et pourtant si, à bien réfléchir, on les trouve bien utiles. D'abord, ça titille l'imagination de leur créateur et ça lui procure bien du plaisir à les réaliser. Et puis, ils sont un décor au jardin car ils sont peints, ils animent des personnages, il y en a un qui figure en photographie dans le « Livre des Jardins secrets de Poitiers ». Enfin, à quoi serait utile le vent qui cavale partout, qui assèche la terre ou déracine les arbres, s'il n'y avait pas les branches à agiter, les oriflammes à claquer et les ailes des moulins à tourner. Le vent est une force gratuite et Jeannot joue avec : son pré n'est pas qu'un enclos de barbelés, c'est une sorte de volière d'oiseaux ou d'insectes mécaniques qui battent des ailes avec énergie et volupté.
Si vous allez voir les moulins à Jeannot, n'oubliez pas qu'ils sont sur un domaine privé. Demandez lui à les voir ! et ne l'appelez pas Jean Moulin, il s'appelle Jean ... Melin.
Louis Vibrac – février 2011